jeudi 22 juin 2017

Mica et son Space Invader

C’était en 2001. J’étais ado, j’habitais encore chez mes parents à St Cloud, près de Paris. C’était les débuts d’internet mais on avait internet à la maison depuis 99, un truc comme ça. Et moi, j’adorais ça : les codes, le HTML, les modems 56K... Pour l’anecdote, Arte est venu faire un reportage sur moi : j’avais fait un site internet sur le groupe Téléphone. Tu cliquais, tu pouvais écouter des chansons. Pour la fin des années 90, c’était un truc de fou. Et ils sont venus me filmer, genre « Les ados qui font des trucs sur internet, c’est l’avenir ». Bref, 2001. J’ai un pote qui s’intéresse pas mal au street art, il me fait découvrir les graffeurs, André, O’clock, tout ça… A l’époque, c’est encore vachement confidentiel, y’a pas beaucoup de gens qui connaissent. Donc je fouille un peu et je tombe sur le site de Space Invader. Et là, choc : il avait un site hyper abouti, avec un univers chelou, des codes cachés, dans un graphisme des jeux vidéos… Dessus par exemple, t’avais une mappemonde qui te montrait les villes qu’il avait envahies. Tu cliquais sur la ville et tu découvrais le space invader. Je trouvais le concept artistique hyper cool. Et comme en plus, il exploitait hyper bien son site, ça plaisait aussi à mon côté geek. Il était même un peu subversif : tu voyais pas sa tête, tu voyais pas son nom, y’avait une ambiance parano...

Bref, je clique sur « Contact » et là je vois qu’il vend des space invaders, ce qu’il appelle des « kits d’invasion ». J’envoie un mail, le mec me répond très vite : « Est-ce qu’on peut se parler par téléphone ? » Pourquoi par téléphone ? Il est hyper méfiant, il veut savoir si je suis pas un flic ou autre… Là, il m’explique qu’il envoie rien par la Poste, que c’est du main à la main. On commence à parler argent, il me demande : « C’est quoi ton budget ? ». Je lui dis que je suis étudiant, que j’ai pas trop d’argent. « 100 euros ? » D’accord. Deux jours plus tard, on se retrouve dans un café près de Beaubourg. C’est un peu une mission pour moi, j’habite à St Cloud, bus, train, métro… Au final, on se voit, il me pose des questions sur les street artists qui m’intéressent. Il me raconte ses débuts, les gens qui arrachent son travail, la guerre entre tagueurs, les faux qui circulent... Et là, il me sort mon invader, magnifique, emballé dans un plastique spécial, avec la notice de collage au dos. Comment il est ? Bleu marine, rouge et blanc. Pour finir, il me dit : « Attends, je vais te le signer. » Il est pas très expressif mais hyper sympa. Je repars tout content. Je rentre à St Cloud, je raconte l’histoire à ma sœur qui me dit : « Viens, on le déballe pour voir. » Je lui réponds « Non, si ça se trouve, ça aura de la valeur dans quelques années. » Et puis je l’expose même pas, je le range dans un carton… que je trimbale au fil des déménagements. Et puis j’oublie.

2017, il y a quelques semaines, je dîne avec mes parents, ils me racontent leur week-end : ils ont fait les galeries d’art et ils sont tombés sur une pièce de Space Invader. Ils me décrivent la taille avec leur main, et ils me donnent le prix de vente : 34 000 euros. Et là, mon père dit : « Mais t’en avais un, non ? » Je percute : « Oui, tiens, c’est vrai ! Mais où ? » Moi, j’étais loin de ça, je suivais plus tellement ce qu’il faisait… Quelques jours plus tard, c’était pendant Rolland-Garros, je déjeune avec mes parents et ma meuf, chez moi. Et mon père me reparle du truc : « Alors, tu l’as retrouvé ? » Ils mettent le tennis et là je me dis : « Tiens, puisque j’ai du temps, je vais chercher ce fameux carton. » Seize ans plus tard, tu vois le truc ? Je retourne mon appart, je fouille dans toutes les pièces, je vide toutes les boites et à un moment, je tombe sur un carton de vinyls. J’écoute beaucoup de musique et je fais du son aussi, de l’électro. Gentlemen Drivers, on a sorti un EP, tu connais ? Bref, j’ai pas mal de disques à la maison. Et là, je tombe sur un super album que m’avaient offert mes potes : et glissé à l’intérieur, le space invader de 2001. Impeccable, signé, daté... Il avait pas bougé, bien au chaud dans sa pochette de vinyls.

Là je vais sur internet pour me renseigner sur la cote. Les sites sont payants, c’est des experts qui viennent estimer ton œuvre. Merde. Alors je regarde sur Ebay et je tombe sur des œuvres plus récentes, genre 2008, 2010, pas signées, mais quand même affichées 3-4 000 euros. Je me dis « Tiens, j’ai peut-être un truc cool. » Je retourne sur le site de Space Invader et je m’aperçois que mon invader est le premier d’une série de 16, signée. Deux jours après, j’ai un rendez-vous de boulot à côté des Champs et je me dis : « Tiens, je vais m’arrêter deux secondes chez Artcurial », la maison d’enchères rond-point des Champs-Elysées. J’arrive à l’accueil, je tombe sur une meuf : « C’est pour quoi ? » Je lui explique, elle appelle une autre nana : « Oui bonjour, vous avez un invader ? C’est un original ou un arraché ? Parce qu’on prend pas les arrachés. » « Non, non, c’est un vrai, sous plastique. » « Ah d’accord, on va monter alors. » J’arrive dans son bureau, je serre la main du commissaire priseur qui s’occupe du street art chez Artcurial : « Vous avez quoi ? » « Un kit d’invasion, première série, signé... » Le mec me dit que la première série est super rare et qu’il a pas souvenir d’en avoir vu des signés. Il se met derrière son ordi, il consulte sa base de données : « Ah ben non, en fait, on en a jamais eu de signés ! Vous voulez en faire quoi ? » Je lui dis que je sais pas trop mais qu’à priori, je le garde, c’est juste pour avoir une idée du prix. Et là, il me sort que pour un objet comme celui-là, la mise aux enchères est autour des 5-7 000 euros et que ça part à X3, X4. Entre 15 et 30 000 euros, quoi. Il enchaîne en me disant qu’il y a une vente aux enchères à Hong-Kong le mois qui suit et que ça pourrait intéresser du monde là-bas.

Pourquoi c’est si cher les invaders signés ? En fait, il a bien vendu, même au début. A force, il a laissé tomber les rendez-vous dans les cafés et les remises en mains propres. Assez vite, il a envoyé les invaders par la Poste et du coup, il les signait plus à la main, il les numérotait. Au début je voulais pas le vendre, mais finalement, je me dis que ça pourrait être cool. Je voudrais m’acheter des œuvres d’art... De la peinture par exemple. Je vais voir. En revanche, c’est marrant, je me souviens très bien du moment, du café à Beaubourg, de la discussion... mais j’ai aucun souvenir de sa gueule. Rien.

jeudi 1 juin 2017

Les diminutifs des prénoms américains

Al: Albert
Ben : Benjamin
Bill : William
Bob : Robert
Burt : Burton
Carrie : Caroline
Chuck : Charles
Dan : Daniel
Dave : David
Dick : Richard
Eddy : Edward
Jeb : Jacob
Jerry : Jeremy
Jodie : Josephine
Kate : Katherine
Larry : Lawrence
Ken : Kenneth
Mike : Michael
Molly : Mary
Sally : Sarah
Ted : Edward
Tony : Anthony