mercredi 25 juillet 2018

vendredi 13 juillet 2018

Ordres nationaux épinglés au revers de la veste

Rosette rouge
Ordre de la Légion d'Honneur

Rosette bleue
Ordre national du Mérite

Rosette violette
Ordre des Palmes académiques

Rosette rouge et verte
Ordre du Mérite agricole

dimanche 27 mai 2018

Dernier repas servi à bord du Titanic - 1ère classe - 14 avril 1912

Hors d'œuvre variés – Huitres
Consommé Olga – Crème d'Orge

Saumon poché sauce Mousseline Concombres
Filet mignon Lili
Sauté de poulet à la Lyonnaise et courgettes farcies
Agneau et sauce à la menthe Caneton rôti sauce aux pommes Aloyau de bœuf
Pommes de terre Château - Petits pois – Carottes à la crème Riz – Pommes de terre Parmentier et Pommes de terre nouvelles bouillies

Punch à la Romaine
Pigeonneau rôti et Cresson
Asperges Vinaigrette
Pâté de foie gras – Céleri

Gâteau Waldorf
Pêches en gelée de Chartreuse Eclairs au chocolat et à la vanille
Glace française

lundi 7 mai 2018

CRS, HS!

 Article publié en décembre 2016

A quelques jours des nouveaux défilés contre la loi Travail, les manifestants refont leur stock de Bétadine! Et pour cause: avant l'été, les CRS envoyés face aux casseurs ont pas vraiment fait dans le détail. Dangereuses, inefficaces et démodées, les Compagnies Républicaines de Sécurité font pourtant partie du décor. Pourquoi? Devine!

"On arrive à Nation. Là, on se retrouve encerclés devant la bouche de métro. J'entends « Boum »... Je regarde: j'ai un morceau de grenade (de désencerclement, ndlr) enfoncé dans le tibia. » Ouch! Avec son T.-shirt Homer Simpson et ses Tchin-tchin d'Afflelou, Stéphane, 37 ans, a pas vraiment le profil du casseur de manif: casier vierge et bénévole pendant ses week-ends, il défile contre la loi Travail. Pacifiquement. « J'y retournerai pas, c'est trop dangereux. Les CRS sont... » Nerveux? Oui, si on en croit les témoignages à la pelle et les images qui tournent en boucle sur internet, du photographe tombé dans le coma à l'étudiant rennais devenu borgne à cause d'un tir de flash ball. « Les armes non létales dans la police ont fait exploser les blessures graves, souligne Olivier Fillieule, chercheur en sociologie politique à l'université de Lausanne. Les canons à eau, les gaz lacrymogènes et la matraque sont là pour mettre le manifestant à distance. En revanche, les armes non létales sont là pour blesser. Mal utilisées, elles causent des dommages irréparables. »

Des CRS violents, armés jusqu'aux moustaches, et puis quoi encore? Des techniques de maintien de l'ordre archi-risquées rajoute Alexandre Langlois, secrétaire général de la CGT-Police: « Encercler une foule, ça ne devrait plus exister. C'est dans les manuels et même les livres d'Histoire: toutes les manifestations qui ont dérapé, c'est à cause de nasses dont les gens ne pouvaient plus sortir. Ce qui entraîne des blessés des deux côtés et attise les tensions. » Car depuis l'état d'urgence, il en faut pas beaucoup pour se retrouver la gueule sous une rangers. La preuve avec ce sociologue de Paris 8. Un matin devant la fac, il est plaqué au sol et matraqué. Dans son PV d'audition, le CRS reproche au gars d'avoir sur lui... des doses de sérum phy. Des bavures à gogo? Circulez, répond le ministère de l'Intérieur: après les 1 500 manifs contre la loi Travail, seulement 48 enquêtes ont été lancées par la police des polices. « Sauf que la plupart des gens blessés par les CRS ne portent pas plainte, rappelle Stéphane. Ça sert à quoi? De toutes façons, les ministres couvrent la police avant même d'avoir lu les rapports. » Total, la Ligue des droits de l'Homme réclame une enquête parlementaire sur les violences policières des dernières semaines. Dans son communiqué, elle rappelle que malgré le contexte, « rien ne saurait justifier les débordements auxquels se livrent les forces de l'ordre en faisant un usage disproportionné de la force vis-à-vis de citoyens, souvent jeunes, qui manifestent pacifiquement leur opposition au projet de loi Travail. » OK, nos CRS ont la matraque un peu lourde. Mais au final, ils font le job, non?

Pas vraiment, nous dit Sébastien Louis, Docteur en Histoire et spécialiste du hooliganisme. Au dernier Euro, il était à Marseille quand les hooligans russes ont déboulé sur le Vieux-Port pour se farcir du supporter anglais. Bilan, deux jours d'émeutes et des images diffusées jusqu'au Pôle Nord: « J'ai vu une police apeurée, fatiguée, qui avait besoin d'une hiérarchie compétente, ce qui n'a pas été le cas. C'est bien  beau  de faire des répétitions avec des étudiants mais quand on se retrouve face à des hooligans russes pratiquant le MMA, c'est autre chose. » Et au milieu des chaises qui valdinguent et des vitrines qui tombent, des commerçants marseillais un peu surpris qu'aucun CRS ne pointe le bout de son casque: « On n'intervient pas sans ordre, explique Yannick Danio d'UNSA-Police. Il y a une hiérarchie à respecter. Quelques CRS ne vont jamais prendre l'initiative de charger d'eux-mêmes. Il faut attendre l'ordre de charger. D'où cette impression de lenteur parfois... » Une impression? « Parfois, on voit des manifestants s'équiper de casques et d'armes juste devant nous, et aucun ordre n'arrive », raconte Langlois, de la CGT. Mais entre nous, des CRS moyennement efficaces, c'est pas nouveau: entre les manifs contre le plan Juppé en 95, en passant par le CPE en 2006 ou la Manif pour tous il y a deux ans, les cortèges qui dégénèrent font partie des spécialités françaises, comme le maroilles et le TGV. Alors au fond, c'est quoi le problème?

Pour Fabien Jobard, co-auteur de Sociologie de la police, la France est un peu à la bourre question maintien de l'ordre: « Nous sommes encore imprégnés par la fin du 19ème siècle et La psychologie des foules de Gustave Le Bon, selon laquelle une manifestation est une masse animale indistincte. La doctrine inverse, qui a été adoptée par l'immense majorité des pays européens, voit au contraire la foule comme un ensemble d'individualités. » En Allemagne par exemple, des « policiers de contact », sans armes et en gilets fluo, viennent discuter avec les manifestants pour leur expliquer ce qu'ils vont faire, y compris en cas de problème. Idem en Suède et en Grande-Bretagne avec les « officiers de liaisons », ou les Peace Unit aux Pays-Bas. Pas vraiment le délire de nos CRS, chauffés au cornichon-rillettes dans les fourgons Peugeot: « La police française se targue d'exporter son modèle de maintien de l'ordre mais ne se rend pas compte qu'elle parle d'un temps révolu. Les seuls pays à qui elle vend encore son savoir-faire sont des régimes autoritaires chancelants d'Afrique ou du Maghreb. » A l'ancienne les CRS? En tout cas, pas beaucoup changées depuis 44, date de leur création. C'est pourtant pas compliqué d'arrêter dix mecs en capuche! A moins que...

Olivier Fillieule, le chercheur en sociologie politique, est surpris quand il voit les images des manifs contre la loi Travail: « Ce qui paraît frappant ici, c'est que ça ressemble à une stratégie délibérée qui déroge à de nombreux préceptes du maintien de l'ordre. Les raisons d'une telle stratégie sont ouvertes à interprétation. Mais la recherche d'un pourrissement de la situation est très difficilement contestable. » Tu veux dire que les manifs qui dégénèrent, c'est fait exprès? « On a l'impression que tout est mis en œuvre pour que la situation dérape », poursuit Langlois: « Prenons l'exemple du 9 avril. En fin de journée, nous savons qu'un groupe de casseurs dangereux vient d'arriver gare du Nord pour aller perturber Nuit debout, à République. Une compagnie de CRS se trouve sur leur passage, prête à intervenir.  Mais  ordre  leur  est  donné  de les laisser gagner place de la République, avec les conséquences que l'on connaît! » Chez Alliance, le syndicat policier d'en face, on confirme: « Quand vous voyez des casseurs détruire les vitrines, saccager des panneaux publicitaires, se servir des tubes néons pour attaquer les forces de l'ordre et que des policiers mobilisés en face d'eux doivent attendre une heure pour intervenir, on se demande bien pourquoi. » Pourquoi? J't'explique: en cognant sur des 1ère année-philo, tu fais peur aux manifestants pacifiques et tu décourages les contestations futures. Et en laissant faire les casseurs, tu files une mauvaise image au mouvement. La preuve avec ce CRS qui a vidé son sac au JDD en mai dernier: « Une manifestation qui se passe bien, on parle du fond. Mais quand vous avez des casseurs, on se focalise sur les violences. J'ai l'impression d'être devenu un pion politique. » Finalement, pas besoin d'un tir de lacrymo pour pleurer!

lundi 23 avril 2018

Rions un peu (en créole)

Toto kap pase egzamen nan auto école pou li licence li.

Examinateur: Bonjour Toto, kijan w ye?
Toto reponn: Bien mesye.
Examinateur: On nan yon machine epi ou pèdi frein ou gen a gauche ou 3 moun epi a droite ou yon village ki gen 100 moun ki group moun ou tap tuye.
Toto reponn: 3 moun yo m tap kite 100 moun vilaj yo viv.
Examinateur: bèl repons Toto m baw permis condu...

mercredi 4 avril 2018

Combien de temps sans boire de l'eau?

Un organisme peut jeûner plusieurs semaines mais au-delà de 48 heures, le manque d'eau provoque des troubles sévères.

Une eau est réputée potable si elle est fraiche, limpide, claire, inodore, suffisamment aérée, légèrement salée, sans substances toxiques ou microbes. Ces qualités sont rarement réunies en situation de survie et il faudra se contenter de ce que l'on trouve, moyennant quelques précautions élémentaires:

    -L'eau provenant de la fonte des neiges et des glaces: attention aux crampes et maux de ventre, elle est pratiquement dépourvue de sels minéraux. Il faut donc l'associer à du sel.

    -L'eau de mer: à boire avant l'arrivée de la soif, à raison d'un demi litre par jour maximum, en deux ou trois gorgées, dix fois par jour.

    -Les urines: à boire en petites quantités car dangereuses pour les reins.

ET RAPPELEZ-VOUS: si on n'a rien à boire, on ne mange pas!

jeudi 15 mars 2018

Sacrés Français!

-Quelle chaleur ! souffle Véronique en agitant son éventail. Nous devrions quitter la ville et partir en vacances… Mais où ?
-L'été, les Français vont en Bretagne pratiquer la voile et ramasser des coques, répond Petit Tom, à l'ombre des persiennes. Ou dans les Pyrénées, arpenter les sentiers et faire de beaux bouquets !
-Waouf ! aboie Picpus, prêt à courir les champs.
-Vous oubliez le meilleur ! interrompt Bertrand, leur cousin.
-Vraiment ? interrogent en chœur le frère et la sœur. A quoi penses-tu ?
-St Tropez ! lance Bertrand d'un air satisfait.
-Quelle bonne idée ! Dis-nous en plus, toi qui connais ta géographie.
Bertrand se dresse alors et prend un air d’instituteur.
-St Tropez est un village de Provence, au bord de la Méditerranée. On y vient en voiture par l'A8 ou par le train en s’arrêtant à Ste Maxime. C'est une ancienne citadelle devenue port de pêcheurs puis destination phare de la jet-set. Ceux-là l'appellent « St Trop' ». Pour les accueillir, le village peut compter sur dix palaces cinq étoiles, dont le célèbre Byblos, et un port de plaisance avec ses yachts, à 1 500 euros la journée d’amarrage. Sans surprise, St Tropez vote à droite. En 2012, Nicolas Sarkozy a remporté 80 % des voix.
-On dit que les célébrités y ont leur résidence secondaire, est-ce vrai ? demande Petit Tom, feuilletant son carnet d’autographes.
-C’est vrai ! L’homme d’affaires Bernard Arnault y passe tous ses étés, tout comme l’industriel Vincent Bolloré ou bien Jean-Marie Nusse, des papiers Clairefontaine. Mais la plus belle villa appartient à Roman Abrahamovic. Le milliardaire russe a déboursé 43 millions d’euros pour se l’offrir.
-Je m'y vois déjà ! s'exclame Véronique, chaussant ses lunettes de soleil. Mais à quand remonte la mode de St Tropez ?
-Aux années 50, avec les artistes de la Nouvelle vague, puis les Yéyés. A cette époque, Brigitte Bardot achète La Madrague, une petite maison les pieds dans l’eau. Les fêtes grandioses s’enchaînent, mêlant vedettes populaires, drogue et amours partagées. Depuis, on tourne à St Tropez des films comme Le gendarme, La piscine ou L'année des méduses.
-Avec l’actice Valérie Kaprisky ? demande Petit Tom, les yeux soudain rêveurs.
-Exactement !
-Est-on sûr d’avoir beau temps ? s’enquiert Véronique, inquiète.
-Sois tranquille, répond Bertand : avec 2 750 heures par an, l’ensoleillement est l’un des plus importants de France. L'été, les températures montent au dessus de 30 et l'hiver, le thermomètre descend rarement sous 10 degrés.  Mais gare au Mistral si vous prenez la mer : le golfe de St Tropez est connu des marins comme l'un des plus dangereux de Méditerranée. A part ça… D’ailleurs, savez-vous combien de visiteurs se pressent chaque jour à St Tropez, en juillet et en août ?
Bêtas, Petit Tom et Véronique sont suspendus aux lèvres de Bertrand :
-80 000 !

-De quoi faire de mauvaises rencontres, s’assombrit Véronique, désormais réfugiée derrière la porte de son placard.
-A qui penses-tu ? s’inquiète Petit Tom.
-Aux tueurs en série, pardi ! répond Bertrand, faisant mine de l’étrangler, les yeux grand ouverts et la langue au dehors.
-Tu veux dire, ces monstres qui sucent le sang de leurs victimes ?
-Mais non, petit sot, répond Bertrand en riant. Ça, ce sont les vampires ! Un tueur en série tue pour atteindre un sentiment de toute puissance.  D’après les médecins, c’est un psychopathe : sadique, il manque d’empathie. En général, ses crimes, d’une violence extrême, mêlent le sexe et la mort. D’un meurtre à l’autre, le tueur en série aime suivre le même mode opératoire et laisser une signature.
-Woooh… pleure Picpus, les yeux cachés sous ses oreilles.
-Tu n’as rien à craindre mon brave Picpus, rassure Bertrand. Tu as plus de chance de mourir écrasé que de croiser un tueur en série. D’ailleurs, l’Histoire de France ne connaît qu’une soixantaine de ces criminels.
-Comme l’adjudant Chanal ou Michel Fourniret ! cite fièrement Véronique, levant son tuba comme un couteau.
-Tu as raison ! Mais les plus connus ne sont pas toujours les plus sanguinaires, poursuit Bertrand, énigmatique.
-Vraiment ? répondent à l’unisson Petit Tom et Véronique.
-Qui se rappelle Gilles de Rais, maréchal de France et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, et ses 140 victimes enfantines ? Dans son château de Tiffauges en Vendée, il violait, torturait puis finissait par égorger ses proies. Aujourd’hui encore, des milliers de touristes visitent chaque année cette bâtisse qu’on surnomme « La forteresse de Barbe-Bleue ». Mais ce n’est pas tout : connaissez-vous Hélène Jégado, parfois considérée comme la plus grande tueuse en série du monde ? Au 19ème siècle, domestique et cuisinière en Bretagne, elle empoisonnait les gens avec de l’arsenic. Elle conservait des reliques de chacune de ses victimes, avant d’être confondue puis guillotinée en place publique !
-Bien fait ! En connaît-on de plus récents ?
-Bien sûr Petit Tom ! De nos jours, en France, Guy Georges, Francis Heaulme et Thierry Paulin sont les plus célèbres.
-Thierry Paulin, le monstre de Montmartre ?
-Il n’y a pas de monstre à Montmartre ! s’esclaffe Petit Tom.
-Ne ris pas, répond Bertrand, ta sœur a raison. Les tueurs en série français portent tous un surnom attribué par la presse en quête d’articles à sensation. N’as-tu jamais entendu parler du « tueur de l’Est parisien » ou du « routard du crime » ? Confus, Petit Tom laisse Bertrand poursuivre.
-Thierry Paulin est un jeune tueur en série martiniquais mort du Sida en prison en 1989. A Paris, il suivait des vieilles dames jusqu’à chez elles avant de les battre à mort et de les détrousser. Avec l’argent, il dînait au restaurant et donnait de grandes fêtes dans des discothèques parisiennes comme le Palace !
-Musique ! ordonnent alors les trois cousins.

mercredi 7 février 2018

La recette du Cosmopolitan

Au shaker et avec des glaçons, frappez 4cl de vodka, 2cl de triple sec (Cointreau ou Grand Marnier), 2cl de jus de cranberry, 1cl de jus de citron ver. Servez dans un verre à Martini, en filtrant. Enfin, posez une rondelle de citron sur le bord.

Pour un Cosmopolitan plus caractériel, remplacez le jus de cranberry par 1cl de sirop de cranberry.

mardi 23 janvier 2018

Garde à vue, de Claude Miller, 1981

Le soir de la St Sylvestre à Cherbourg, Jérôme Martinaud, notaire joué par Michel Serrault, est convoqué au commissariat. L'inspecteur Gallien, joué par Lino Ventura, veut l'entendre après le viol et l'assassinat de deux petites filles.

    Lino Ventura est assis à son bureau. Face à lui, Michel Serrault. Derrière, l'adjoint de l'inspecteur tape la déposition.

    Ventura: -Bien, en attendant et pour fixer les esprits, si on revenait à cette soirée du 3.
    Serrault: -C'est la soirée Valleras.
    -Non c'est la soirée Lebailly.
    -C'est pas celle que je préfère, enfin... On a déjà tout dit, non?
    -Ah non. C'est justement pourquoi je vous demande si vous aimez les bains de boue. La petite Geneviève, c'est bien dans le fossé que vous l'avez trouvée. Quel temps faisait-il ce soir-là?
    -La météo maintenant...
    -Durant la journée, il y a eu un gros orage il me semble, vous vous rappelez?

    Serrault fait la moue pour dire non.

    -Il devait être dégoutant ce fossé, non? Je comprends pas très bien: vous avez tout le terrain communal pour vous balader et vous atterrissez là-dedans.
    -Bah évidemment. J'avais aperçu le corps.
    -Ah?

    Serrault acquiesce de la tête. Ventura se lève et fait le tour du bureau.

    -Comment avez-vous fait pour l'apercevoir, Martinaud? Vous étiez sur des échasses?
    -Non, pas ce jour-là. Non, non...
    -On peut rien voir depuis le terrain communal. Absolument rien! Y'a des ronces et des orties hautes comme ça!
    -Alors là, je suis désolé mais je ne vous suis pas là.
    -Comment ça?
    -Je ne suis pas votre ligne de raisonnement, c'est tout, je suis désolé.
    -Mais si, mais si, vous me suivez à la trace, Martinaud. Le terrain communal, les orties, le cadavre... Le petit bois. Comment se fait-il que vous ne m'ayez jamais parlé du petit bois?
    -Et vous, pourquoi vous ne voulez pas me dire ce que ma femme vous a dit?
    -Y'avait des feuilles mortes collées aux semelles de la petite Lebailly. Et les feuilles mortes, ça tombe des arbres. Or, sur le terrain communal de Jeaubourg, y'a un arbre. Et il est mort. Donc, la gosse venait du petit bois. Et vous?
    -Quoi moi?
    -Ben, vous veniez de Jeaubourg ou du petit bois?
    -Mais j'en sais rien!
    -Alors maintenant, faudrait vous décider à savoir!
    -Les feuilles mortes, Jeaubourg, le petit bois, ça devient complètement surréaliste!
    -Y'a autre chose d'encore plus surréaliste. C'est Maitre Martinaud rentrant chez lui coudes au corps!
    -Pardon?
    -Ben, vous êtes rentré chez vous en courant, pourquoi?
    -Parce que je venais de trouver le corps.
    -Alors pourquoi rentrer chez vous?
    -Bah pour téléphoner!
    -Y'a deux cabines téléphoniques sur le terrain communal. Alors je vous demande, pourquoi rentrer chez vous?
    -Mais j'en sais rien, j'étais sous le choc.
    -Votre femme, elle vous a entendu rentrer?
    -Je ne sais pas si elle m'a entendue ou pas! Elle s'en fout... Je ne l'intéresse pas.
    -Bon, vous rentrez chez vous, le téléphone est en bas et vous montez au 1er, pourquoi?
    -Je suis allé dans la salle de bain.
    -Pour téléphoner?
    -J'avais envie de dégueuler, j'avais la chiasse! Bon sang de merde! Ça vous va ça, oui?
    -A cause du choc...
    -Oui, à cause du choc, oui. C'est ça, probablement à cause du choc, oui.
    -Dites-moi Martinaud, les imperméables, vous en avez combien? Comme celui-là, combien?
-Deux. Deux!
    -Et pareils, identiques?
    -Oui, identiques, oui. Dans les impers, vous avez deux modèles. Vous avez avec ou sans ceinture. Moi je préfère avec. Ça m'avantage.
    -Ben qu'est-ce qu'il y a, ça va pas?
    -Si, si, ça va très bien mon petit vieux. Ça va bien, continuez, continuez.
    -Mais non, vous êtes tout pâle, là.
    -Non, non, ça va Gallien. De toutes façons, vous n'êtes pas très frais non plus. Alors arrêtez de tourner autour du pot. Bon alors, vous en étiez à la soirée du 3. Alors qu'est-ce que vous voulez savoir de net et de précis? Merde! Hein?
    -Ben, ce que vous faisiez dans le petit bois. Ce que vous faisiez dans le petit bois, ce que vous faisiez à St Clément...
    -St Clément, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire, j'étais avec une putain. Auvergnate.
    -D'accord, alors le nom de la fille, Martinaud, l'hôtel, l'adresse...
    -Y'avait pas d'hôtel, non. C'était une fille qui draguait en voiture, une amazone comme on appelle. Une amazone auvergnate. Oui, oui... Ah ça, je suis désolé, mais c'est comme ça.
    -C'est lamentable...
    -Quoi donc?
    -Votre argument. Lamentable.
    -C'est pas un argument, c'est un alibi.
    -Ben il est navrant votre alibi. Vous attendez, -quelle heure il est?- 2h00 du matin pour m'avouer que vous allez aux putes. Mon pauvre vieux, va... Mais vous n'arrêtez pas de mentir depuis que vous êtes là: votre sœur malade que vous voyez à peine... Une heure passée dans un bistrot où personne ne vous a reconnu d'ailleurs... Une promenade au phare et puis après ça, plus de promenade au phare... Et puis maintenant une putain anonyme. Dites-moi Martinaud, quand est-ce que vous allez me dire quelque chose que je puisse croire?