jeudi 15 mars 2018

Sacrés Français!

-Quelle chaleur ! souffle Véronique en agitant son éventail. Nous devrions quitter la ville et partir en vacances… Mais où ?
-L'été, les Français vont en Bretagne pratiquer la voile et ramasser des coques, répond Petit Tom, à l'ombre des persiennes. Ou dans les Pyrénées, arpenter les sentiers et faire de beaux bouquets !
-Waouf ! aboie Picpus, prêt à courir les champs.
-Vous oubliez le meilleur ! interrompt Bertrand, leur cousin.
-Vraiment ? interrogent en chœur le frère et la sœur. A quoi penses-tu ?
-St Tropez ! lance Bertrand d'un air satisfait.
-Quelle bonne idée ! Dis-nous en plus, toi qui connais ta géographie.
Bertrand se dresse alors et prend un air d’instituteur.
-St Tropez est un village de Provence, au bord de la Méditerranée. On y vient en voiture par l'A8 ou par le train en s’arrêtant à Ste Maxime. C'est une ancienne citadelle devenue port de pêcheurs puis destination phare de la jet-set. Ceux-là l'appellent « St Trop' ». Pour les accueillir, le village peut compter sur dix palaces cinq étoiles, dont le célèbre Byblos, et un port de plaisance avec ses yachts, à 1 500 euros la journée d’amarrage. Sans surprise, St Tropez vote à droite. En 2012, Nicolas Sarkozy a remporté 80 % des voix.
-On dit que les célébrités y ont leur résidence secondaire, est-ce vrai ? demande Petit Tom, feuilletant son carnet d’autographes.
-C’est vrai ! L’homme d’affaires Bernard Arnault y passe tous ses étés, tout comme l’industriel Vincent Bolloré ou bien Jean-Marie Nusse, des papiers Clairefontaine. Mais la plus belle villa appartient à Roman Abrahamovic. Le milliardaire russe a déboursé 43 millions d’euros pour se l’offrir.
-Je m'y vois déjà ! s'exclame Véronique, chaussant ses lunettes de soleil. Mais à quand remonte la mode de St Tropez ?
-Aux années 50, avec les artistes de la Nouvelle vague, puis les Yéyés. A cette époque, Brigitte Bardot achète La Madrague, une petite maison les pieds dans l’eau. Les fêtes grandioses s’enchaînent, mêlant vedettes populaires, drogue et amours partagées. Depuis, on tourne à St Tropez des films comme Le gendarme, La piscine ou L'année des méduses.
-Avec l’actice Valérie Kaprisky ? demande Petit Tom, les yeux soudain rêveurs.
-Exactement !
-Est-on sûr d’avoir beau temps ? s’enquiert Véronique, inquiète.
-Sois tranquille, répond Bertand : avec 2 750 heures par an, l’ensoleillement est l’un des plus importants de France. L'été, les températures montent au dessus de 30 et l'hiver, le thermomètre descend rarement sous 10 degrés.  Mais gare au Mistral si vous prenez la mer : le golfe de St Tropez est connu des marins comme l'un des plus dangereux de Méditerranée. A part ça… D’ailleurs, savez-vous combien de visiteurs se pressent chaque jour à St Tropez, en juillet et en août ?
Bêtas, Petit Tom et Véronique sont suspendus aux lèvres de Bertrand :
-80 000 !

-De quoi faire de mauvaises rencontres, s’assombrit Véronique, désormais réfugiée derrière la porte de son placard.
-A qui penses-tu ? s’inquiète Petit Tom.
-Aux tueurs en série, pardi ! répond Bertrand, faisant mine de l’étrangler, les yeux grand ouverts et la langue au dehors.
-Tu veux dire, ces monstres qui sucent le sang de leurs victimes ?
-Mais non, petit sot, répond Bertrand en riant. Ça, ce sont les vampires ! Un tueur en série tue pour atteindre un sentiment de toute puissance.  D’après les médecins, c’est un psychopathe : sadique, il manque d’empathie. En général, ses crimes, d’une violence extrême, mêlent le sexe et la mort. D’un meurtre à l’autre, le tueur en série aime suivre le même mode opératoire et laisser une signature.
-Woooh… pleure Picpus, les yeux cachés sous ses oreilles.
-Tu n’as rien à craindre mon brave Picpus, rassure Bertrand. Tu as plus de chance de mourir écrasé que de croiser un tueur en série. D’ailleurs, l’Histoire de France ne connaît qu’une soixantaine de ces criminels.
-Comme l’adjudant Chanal ou Michel Fourniret ! cite fièrement Véronique, levant son tuba comme un couteau.
-Tu as raison ! Mais les plus connus ne sont pas toujours les plus sanguinaires, poursuit Bertrand, énigmatique.
-Vraiment ? répondent à l’unisson Petit Tom et Véronique.
-Qui se rappelle Gilles de Rais, maréchal de France et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, et ses 140 victimes enfantines ? Dans son château de Tiffauges en Vendée, il violait, torturait puis finissait par égorger ses proies. Aujourd’hui encore, des milliers de touristes visitent chaque année cette bâtisse qu’on surnomme « La forteresse de Barbe-Bleue ». Mais ce n’est pas tout : connaissez-vous Hélène Jégado, parfois considérée comme la plus grande tueuse en série du monde ? Au 19ème siècle, domestique et cuisinière en Bretagne, elle empoisonnait les gens avec de l’arsenic. Elle conservait des reliques de chacune de ses victimes, avant d’être confondue puis guillotinée en place publique !
-Bien fait ! En connaît-on de plus récents ?
-Bien sûr Petit Tom ! De nos jours, en France, Guy Georges, Francis Heaulme et Thierry Paulin sont les plus célèbres.
-Thierry Paulin, le monstre de Montmartre ?
-Il n’y a pas de monstre à Montmartre ! s’esclaffe Petit Tom.
-Ne ris pas, répond Bertrand, ta sœur a raison. Les tueurs en série français portent tous un surnom attribué par la presse en quête d’articles à sensation. N’as-tu jamais entendu parler du « tueur de l’Est parisien » ou du « routard du crime » ? Confus, Petit Tom laisse Bertrand poursuivre.
-Thierry Paulin est un jeune tueur en série martiniquais mort du Sida en prison en 1989. A Paris, il suivait des vieilles dames jusqu’à chez elles avant de les battre à mort et de les détrousser. Avec l’argent, il dînait au restaurant et donnait de grandes fêtes dans des discothèques parisiennes comme le Palace !
-Musique ! ordonnent alors les trois cousins.